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24 janvier 2014 22H Strasbourg 24th January 2014 10 pm

« Tout luit, tout bleuit, tout bruit,
Le jour est brûlant comme un fruit
Que le soleil fendille et cuit.

Chaque petite feuille est chaude
Et miroite dans l’air où rôde
Comme un parfum de reine-claude.

Du soleil comme de l’eau pleut
Sur tout le pays jaune et bleu
Qui grésille et oscille un peu.

Un infini plaisir de vivre
S’élance de la forêt ivre,
Des blés roses comme du cuivre.
 »

Voilà un très beau texte pour commencer une journée d’hiver. J’attends avec tellement d’impatience ce moment où je pourrai dire moi aussi : « Du soleil comme de l’eau pleut… »

Mais la ville de Strasbourg est restée encore bien morose ce matin. Magie de la poésie qui fait oublier que les décorations de Noël s’effacent peu à peu, chassées par une clarté douçâtre qui flottait sur l’Il, une grande partie de la journée !

J’ai finalement trouvé chez mon grand-père un ensemble de documents sur les hommages lémaniques à Anna. Et tout particulièrement sur le jardin votif !

« Conformément à son vœu, son cœur repose au cimetière de Publier depuis le 5 août 1937 avec une stèle sur laquelle est gravé un de ses vers : « C’est là que dort mon cœur, vaste témoin du monde ».

Pendant ce temps, un autre projet est en cours au bord du lac à quelques mètres de la Villa Bassaraba où sa famille est longtemps venue en villégiature.

Ami de la comtesse, académicien et ministre des affaires étrangères, Louis Barthou est à l’origine de l’initiative en 1934. Les objectifs de la démarche sont d’aménager un jardin en souvenir de l’artiste mais aussi de promouvoir son œuvre. Quelques mois plus tard, pour porter ce projet se constitue la Société des Amis de la comtesse de Noailles, où figure en bonne place l’écrivain et philosophe Paul Valéry. Ils bénéficient de nombreux soutiens à commencer par celui des Brancovan qui mettent à disposition un terrain à l’extrémité Est du domaine familial.

Hommes et femmes de lettres, de culture, aristocrates de toute l’Europe mais aussi comité de soutien en Roumanie et institutions grecques d’où Anna de Noailles tire ses origines rejoignent le mouvement. A Evian, un comité local voit également le jour et organise une manifestation pour recueillir des fonds. L’architecte et paysagiste parisien Emilio Terry dessine le jardin votif d’Anna de Noailles qu’il conçoit comme un promenoir en raison de l’étroitesse du terrain. Entouré d’arbres, le chemin mène à un pavillon où a été installé symboliquement une urne funéraire. Plus loin, des marches d’escalier descendent dans le lac d’où l’on peut voir la rive vaudoise. Construit entre 1936 et 1938, le jardin est financé grâce à des souscriptions pour un total de 334 000 francs dont 45 000 francs du gouvernement.

Il est inauguré le 31 juillet 1938. Présent ce jour-là, Maurice Noël, journaliste, rend compte dans Le Figaro : « Ici tout prolonge la palpitation du génie d’Anna de Noailles ; il est admirable que son berceau poétique devienne le monument de sa gloire. »

Une donation de la parcelle a lieu en 1936 à la ville d’Evian qui devra en assurer l’entretien. »

Je suis vraiment chanceuse d’avoir trouvé ce texte destiné à une exposition qui devrait avoir lieu dans les prochaines années au nouveau centre des archives d’Evian. Mais j’ai encore beaucoup à lire dans les jours prochains.

« Le cœur innombrable » et « L’Ombre des jours ». J’adopte cette poétique des mots pour au moins toute l’année qui vient !

« Tout luit, tout bleuit, tout bruit,
Le jour est brûlant comme un fruit
Que le soleil fendille et cuit.

Chaque petite feuille est chaude
Et miroite dans l’air où rôde
Comme un parfum de reine-claude.

Du soleil comme de l’eau pleut
Sur tout le pays jaune et bleu
Qui grésille et oscille un peu.

Un infini plaisir de vivre
S’élance de la forêt ivre,
Des blés roses comme du cuivre.
 »

This is a tremendous text to give a start to a winter day. I am looking forward to this special moment when I will be able to say as she does, « Sun as rain…« 

But the city of Strasbourg was very gloomy this morning. Magic of poetry that makes us forget that the Christmas decorations fade away step by step, driven away by a soft clarity that floated on the river Ill, large part of the day!
I finely found in my grandfather’s library a set of documents on the Lemanic tributes to Anna. And especially on the votive garden!

«In accordance with her wish, her heart rests in the cemetery of Publier since August 5, 1937 with a stele on which is engraved one of her verses: «This is where my heart sleeps, vast witness of the world».
Meanwhile, another project was underway at the edge of the lake a few meters from the Villa Bassaraba where her family has long come to resort

Friend of the countess, academician and minister of foreign affairs, Louis Barthou was at the origin of the initiative in 1934. The objectives of the approach are to create a garden as a souvenir of the artist but also to promote her work. A few months later, to carry out this project, the Society of the Friends of the Countess of Noailles was formed, with the writer and philosopher Paul Valéry at a prominently role. They benefit from many supports, starting with the Brancovan who provide land at the eastern end of the family estate.

Men and women from literature, culture, aristocrats areas from all over Europe but also support committee in Romania and Greek institutions from where Anna de Noailles derives her origins join the movement. In Evian, a local committee was also set up and organised an event to raise funds. The Parisian architect and landscape architect Emilio Terry draws the votive garden of Anna de Noailles which he conceives as a stroll due to the narrowness of the land. Surrounded by trees, the path leads to a pavilion where a funerary urn was symbolically installed. Further, steps descend into the lake from where you can see the Swiss shore.

Built between 1936 and 1938, the garden is financed by subscriptions for a total of 334,000 francs, including 45,000 francs from the government. It was inaugurated on 31 July 1938.

Present that day, Maurice Noël, a journalist, reports in Le Figaro: « Here everything prolongs the palpitation of Anna de Noailles’ genius; it is admirable that her poetic cradle becomes the monument of her glory. »

A donation of the place was made in 1936 to the city of Evian, which will have to maintain it.”

I am really lucky to have found this text which has been written for an exhibition that should take place in the coming years at the new Evian Archives Centre. But I still have a lot to read in the next few days.

«Le cœur innombrable» and «L’Ombre des jours». I adopt these poetic words for at least the whole year to come!

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